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Le mot du chorégraphe

« La danse jazz, auprès du grand public, reste assez énigmatique. Malgré sa popularité, peu de monde saurait la définir et expliquer son histoire globale. Cette danse est pourtant la plus enseignée dans les écoles et associations de danse en France. Elle réside chez chacun de nous : c'est le jeu entre le rythme et la musique. Dans les fêtes, les mariages, les anniversaires... ce sont les musiques jazz qui nous font danser, et les pas qui nous animent sont jazz. Les médias en général comme la radio, la télévision, les réseaux sociaux que l'on consulte tant véhiculent de la danse jazz sans que personne ne la décèle ».

Alors qu'est-ce que la danse jazz selon moi ?

« La danse jazz peut se danser sur des supports musicaux très variés. Elle utilise aussi la percussion corporelle, les onomatopées, les cris, le chant... Ces musiques sont également très étalées dans le temps, des percussions africaines ancestrales aux tubes actuels. La relation entre la danse et le rythme est, nous pouvons le dire, fusionnelle, avec un jeu de questions-réponses, de suspensions, de légers retard ou d’accélérations qui reviennent toutes au tempo que la musique impose, à l’instar des voix des chanteurs ou chanteuses jazz qui sortent légèrement du cadre rythmique pour y revenir, ou des musiciens qui se permettent çà et là une improvisation. Le corps est traversé par le rythme et entraîne un engagement total de celui-ci. Cette énergie naît du bassin pour se diffuser dans tout le corps jusqu’aux extrémités, dans une opposition ciel-terre, entraînant alors isolations, sauts, ancrage au sol, mobilité de colonne et des membres. Les énergies varient, permettant une danse contrastée entre impacts, suspensions, explosivité, impulses, sensualité, animalité…».

Et l'enseignement de la danse jazz aujourd'hui, où en sommes nous ?

« Aujourd'hui, la danse jazz, en France, est toujours beaucoup dispensée dans les écoles de danse. Depuis 1989, le Diplôme d'Etat de professeur de danse est obligatoire pour l'enseigner. Il y a de quoi être fier de ce succès, cela prouve que les amateurs comme les professionnels prennent du plaisir à la pratiquer. C'est une danse très populaire et vivante, qui parle aux pratiquants en les laissant s'exprimer par le corps. Elle arrive peu à peu dans les conservatoires mais de manière beaucoup trop lente. Ces dernières années, la discipline est souvent détournée dans le milieu amateur sous des noms de danses farfelus. Ces légères modifications terminologiques permettent à n'importe qui de se passer du diplôme pour enseigner une danse jazz "à la mode" tournée vers l'apparence et les réseaux sociaux mais qui n'a finalement que très peu de rapports avec l'essence même du jazz originel. Il est très important de garder la danse jazz / modern'jazz (dénommée ainsi) un maximum visible pour continuer d'attirer et de former des danseurs professionnels avec une technique solide et un sens artistique accru pour cette danse. C'est une discipline exigeante, et seul un travail sérieux encadré par des professeurs compétents permet de l'apprendre correctement ».

Au niveau scénique, où en sommes nous ?

« La danse jazz est essentiellement présente dans les cabarets, les comédies musicales et les shows télévisés. Il existe que très peu de compagnies jazz que je qualifie comme "compagnies de salles obscures" ; c'est-à-dire des compagnies qui tournent dans les salles de spectacles (théâtres, opéras...). C'est pour cela que je crée cette compagnie. Je veux une danse jazz moins "façade et paillettes", mais plutôt "noble et populaire". En effet la danse jazz est souvent vue comme un divertissement superficiel, alors que les élèves, professeurs et danseurs jazz savent à quel point la technique jazz est difficile : le travail entre la rythmique, l'isolation et la dissociation par exemple est complexe, ce qui demande du temps, du travail et de la discipline. Rendre ses lettres de noblesse au jazz, c'est pouvoir danser partout. La compagnie B'Motion saura danser sur des plateaux télé comme dans des opéras ou des zénith, voire même en extérieur s'il le faut. Je n'ai qu'un seul souhait : que la danse jazz conserve sa culture populaire actuelle tout en retrouvant les scènes des opéras français. N'oublions pas l'essentiel : la danse au sens large est un art. L'art n'a pas de frontières, il surpasse l'animalité humaine : l'art est universel ».

Gaétan Bierne

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